Assis nonchalamment sur le toit d’une immense demeure, Némésys regardait seul comme toujours le soleil se coucher. Bientôt la nuit allait tomber et son royaume allait apparaître dans les ténèbres. Comme chaque jour, il aurait sans doute dû tuer deux ou trois être insignifiants. Mais cette nuit, il «sentait» le changement se profiler au loin. Quelque chose allait se produire ce soir là, en bien ou en mal, ça il ne le savait et ne s’en préoccupait pas, les deux lui allant très bien de toute façon du moment que cela lui apporterait une distraction.
En attendant ce changement, il entreprit de regarder le paysage. Le soleil couchant colorait les bâtisses de reflets orange et or. Bien qu’ayant perdu toute son humanité et presque tous ces sentiments, rien n’empêchait Némésys de trouver ce paysage d’une beauté éclatante.
Puis le soleil disparut derrière l’horizon et la nuit tomba emmenant avec elle tous ses secrets et ses meurtres. Ses yeux s’habituèrent instantanément à l’obscurité, essayant de capter n'importe quel indice pouvant le renseigner sur ce qui allait se passer cette nuit. Suivant ce que ses sens lui conseillaient, il se leva et se mit à circuler sur les toits de la ville.
Mais un changement soudain se dessina dans son attitude. Une de ses crises régulières approchait, menaçant Némésys de lui faire perdre la raison à tout moment.
Non, ce ne pouvait pas arriver maintenant, pas cette nuit là ! Je ne doit surtout pas me laisser aller !
Mais le tourbillonnement trop fort de la folie le submergea et il ne put lutter contre ce courant qui l’emmena loin des rivages de la raison dans son monde d'innocence et de couleur que seul lui pouvait voir et ou il s'abandonna.
Il s'assit et attendit inconsciemment toujours dans son monde mais relié par un fil fragile obsédé par son attente.